
Passoires thermiques en zone tendue du Sud : entre interdictions et réalités locales
Depuis le 1er janvier 2025, les logements classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE) sont interdits à la location, conformément à la loi Climat et Résilience. Cette mesure vise à éradiquer les « passoires thermiques » du parc locatif français. Cependant, dans les zones tendues du sud de la France, comme en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et en Occitanie, la réalité est plus complexe.
En janvier 2023, plus de 10 000 logements très énergivores (consommation supérieure à 450 kWh/m²/an) ont été retirés du marché locatif en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Malgré cette interdiction, de nombreux logements restent occupés ou remis en location, souvent en contournant la législation. Les propriétaires utilisent parfois des baux meublés de courte durée ou omettent de fournir le DPE, profitant d’un contrôle limité. Dans des villes comme Marseille, Montpellier ou Nice, la pression locative est intense. La demande dépasse largement l’offre, poussant certains locataires à accepter des logements mal isolés. Pour ces derniers, le choix est souvent restreint : accepter une passoire thermique ou rester sans logement.
Le coût de la rénovation reste un frein
Les contraintes sont également financières. Rénover un logement ancien dans ces régions peut coûter entre 20 000 et 60 000 euros. Malgré les aides disponibles, comme MaPrimeRénov', les démarches sont jugées complexes, et les montants parfois insuffisants pour couvrir l’ensemble des travaux nécessaires. Face à ces défis, certains propriétaires préfèrent vendre leurs biens plutôt que de les rénover. Cette tendance alimente la spéculation immobilière et réduit davantage l’offre locative. De plus, les logements classés F ou G ne peuvent plus voir leur loyer augmenté, même en cas de relocation, ce qui limite la rentabilité pour les bailleurs.
Pour les locataires, les conséquences sont lourdes : factures énergétiques élevées, inconfort thermique, et parfois des problèmes de santé liés à l’humidité. La précarité énergétique devient une réalité quotidienne pour de nombreux ménages dans le sud de la France. Des initiatives locales émergent pour accompagner les propriétaires dans la rénovation énergétique. Des collectivités proposent des aides supplémentaires ou des accompagnements techniques. Cependant, ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du problème.
La lutte contre les passoires thermiques dans le sud de la France nécessite une mobilisation collective, alliant volonté politique, soutien financier et sensibilisation des acteurs du logement. Sans cela, les objectifs climatiques et sociaux risquent de rester hors de portée.